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«J’ai été un violeur, un criminel. J’ai été, je ne le serai plus» : le profil de Jean-Pierre Maréchal, condamné au procès des viols de Mazan

Procès des viols de Mazandossier
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Jugés depuis trois mois par la cour criminelle départementale du Vaucluse, Dominique Pelicot et 50 hommes sont accusés d’avoir violé son ex-épouse sous soumission chimique. Parmi eux, Jean-Pierre Maréchal, seul à être jugé pour des viols sur sa propre femme, et non sur Gisèle Pelicot, en suivant le protocole de soumission chimique délivré par Dominique Pelicot.
publié le 12 décembre 2024 à 17h05

Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, dont la quasi-totalité étaient poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.

Nom : Jean-Pierre Maréchal

Age : 63 ans.

Profession : Chauffeur routier dans une coopérative agricole.

Faits : Accusé d’avoir violé à au moins douze reprises sa propre femme placée sous soumission chimique en suivant le protocole délivré par Dominique Pelicot.

Statut : En détention provisoire depuis le 9 mars 2021.

Peine requise : Dix-sept ans de réclusion criminelle.

Verdict : 12 années de réclusion criminelle. 5 ans de suivi socio-judiciaire.

Parmi les accusés, Jean-Pierre M, 63 ans, occupe une place à part. Il est le seul à ne pas être jugé pour des viols sur Gisèle Pelicot, mais sur sa propre épouse, qu’il avait lui-même plongée dans un état léthargique en suivant les conseils de Dominique Pelicot. Ce dernier était présent au moins à dix reprises aux moments des faits qui ont, là aussi, été filmés, avant que les images ne soient stockées sur le matériel informatique de Dominique Pelicot. Au moins douze viols ont été dénombrés par les enquêteurs. «Je n’aurais pu violer aucune autre femme», a péniblement déclaré Jean-Pierre Maréchal dans sa chemise mauve devant la cour criminelle du Vaucluse. Cette dernière n’a pas porté plainte contre lui. «Une position qui souligne l’ambivalence des épouses, qui sont le plus souvent dans le déni. Rares sont celles à avoir radicalement rompu avec leur conjoint», a noté l’avocate générale lors de son réquisitoire. Neuvième d’une fratrie de dix, Jean-Pierre Maréchal a vécu une enfance extrêmement difficile sous l’autorité d’un père violent, qui faisait venir au domicile familial des inconnus pour violer sa femme, ivre morte. «Avec mes frères et sœurs, on se cachait pour regarder», confie Jean-Pierre Maréchal, qui a eu six enfants avec son épouse, parmi lesquels certains sont venus témoigner en sa faveur au procès.

C’est après le décès de son père, en 2013, que Jean-Pierre Maréchal, dit avoir consulté pour la première fois le site coco.fr, désormais fermé. Sur sa tablette, il devenait Rasmus, Pierre, ou Kim, et serpentait en ligne à la recherche de scènes de viols, «comme celles vécues par maman». Il décrit une discussion dans un premier temps «normale» avec Dominique Pelicot, en 2015, avant qu’il ne lui «propose petit à petit son épouse», en exprimant, sur un «tchat privé», «très clairement qu’il cherche un homme pour son épouse endormie sous médicaments». Jean-Pierre Maréchal refuse. Alors son correspondant lui transmet des vidéos de viols de son épouse et lui propose de reproduire le même protocole de soumission avec sa femme, ce qu’il accepte. Dominique Pelicot lui fournira les comprimés et le mode d’emploi, à savoir des administrations d’anxiolytiques, en augmentant progressivement les doses, jusqu’à s’assurer de sa totale léthargie. «J’ai été un violeur, un criminel, a déclaré Jean-Pierre Maréchal à la barre. J’ai été, je ne le serai plus. J’ai fait des actes ignobles.» Il insiste : «J’ai été.»